Des balivernes de Pascal Affi Nguessan contre le président Guillaume Soro: une manifestation d’inconsistance politique chronique
18 décembre 2015Franklin Nyamsi
Professeur agrégé de philosophie, Paris France
L’inconsistance politique est une pathologie bien chronique sous nos tropiques. Ce mal profond se manifeste par un certain nombre de caractéristiques, qu’il convient d’identifier pour éclairer la lanterne de ceux que l’esbroufe, la prestidigitation ou les coups d’éclats apparents des inconsistants politiques pourraient tromper un tant soit peu. Au commencement de sa pathologie, la carence de vision politique et le manque cruel de désir de vivre-ensemble est la barrière mentale de l’inconsistant politique. Le pouvoir l’intéresse pour jouir du peuple et non pour servir le peuple. C’est un nombriliste, prêt à amuser la galerie pour pouvoir s’offrir, si possible une carrière de prébendier d’Etat à court ou long terme. Il fait de la politique pour manger, et non pour bâtir l’avenir des générations nationales. C’est pour cela que ce type de politicien parle du pays comme si c’était sa chose, et non la chose publique, la res publica. L’inconsistant politique parle, mais ne fait rien. Il aime ruer dans les brancards des autres politiques, juste pour se distraire de sa propre vacuité. C’est aussi un populiste de foire. Comme il ne fait rien lui-même, il va de soi qu’il est jaloux de ceux qui font quelque chose dans le pays. Velléitaire, il vit d’aigreur et de morgue permanentes. Le fond de l’affaire de l’inconsistant politique, c’est en fait sa rupture de ban sans conteste avec le peuple souverain, qui l’ignore et le boude à outrance. L’inconsistant politique est un homme politique abonné de longue date aux défaites électorales et politiques, bien souvent infligées par la vigilance des citoyens et des citoyennes qui savent qu’avec le bonhomme, il n’y a rien de bon à espérer. Enfin, la touche ultime du portrait-robot de l’inconsistant politique, c’est l’amnésie incroyable qui caractérise ses sorties publiques. Ce qu’il croit reprocher aux autres, il l’a bien souvent lui-même diablement fait à outrance, mais semble ne plus s’en souvenir. Les autres, des violents monstres? L’inconsistant politique chronique porte la responsabilité de graves et plus ostensibles crimes, dont il fait mine de ne plus se souvenir. Les autres, des menteurs fieffés? L’inconsistant politique ment lui-même comme il respire, au point de perdre même conscience de ses mensonges et de dire parfois la vérité à ses propres dépens. Ce portrait-robot ne suffit-il pas à mettre en lumière le fait que Pascal Affi Nguessan, l’actuel président d’un lambeau déchiré du FPI, souffre en réalité et de toute évidence de ce grand mal qu’est l’inconsistance politique? Il nous suffira de revenir sur ses griefs adressés le mercredi 16 décembre 2015 dans les feuilles de choux de la galaxie frontiste, pour comprendre que le mal est fort avancé chez le natif gauchiste du Moronou.
Guillaume Soro, le déshonneur de la république? Un honneur, venant de la part d’un inconsistant politique comme Affi Nguessan…
Voici donc un Affi Nguessan qui s’attaque au président de l’assemblée nationale de Côte d’Ivoire, tentant de lui infliger une volée de bois verts au motif que par les affaires des écoutes téléphoniques et du procès intenté à Paris par Michel Gbagbo, Guillaume Soro aurait déshonoré la république. Que vaut cette espèce d’argument politicien?
Le président de l’assemblée nationale a été victime d’un montage farfelu, tripatouillant une conversation privée à laquelle nulle personne au Burkina Faso ou en Côte d’Ivoire, nulle personne au monde, ne devrait avoir l’accès. Deux graves infractions ont été commises par les commanditaires desdites écoutes: la violation de la correspondance privée, d’une part, et le traficote du contenu original de cette correspondance privée, d’autre part. Comment Pascal Affi Nguessan réussit-il à accuser la victime du montage en question, Guillaume Soro, d’être l’auteur du montage en question?
Comme on le voit évidemment, Pascal Affi Nguessan fait le déshonneur de l’opposition ivoirienne, puisqu’il construit ses critiques contre Guillaume Soro sur des présupposés non-établis, des bases subjectives et délirantes. Peut-on être plus inconsistant en politique que cela?
Pour ce qui est de l’affaire Michel Gbagbo, comment ne pas voir le déshonneur chez ceux-là même qui, après avoir livré les français de Côte d’Ivoire à leurs hordes de miliciens xénophobes, comptent désormais sur une juge de Nanterre pour conduire le président de la république de Côte d’Ivoire, le président de l’assemblée nationale et la hiérarchie des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, devant une juridiction nationale française, et à propos d’une affaire ivoire-ivoirienne s’étant déroulée en Côte d’Ivoire? Affi Nguessan, le nationaliste-panafricaniste des temps de gloire vient en fait de troquer son manteau mensonger de patriote contre une petite camisole de vassal. La vraie humiliation, le vrai déshonneur de la Côte d’Ivoire, ce serait bien au contraire de perdre sa souveraineté judiciaire au bénéfice d’une petite juge parisienne plutôt surfaite…Or j’ai vu Guillaume Soro honorer courageusement son pays à Paris du 7 au 8 décembre 2015, face à un mandat d’amener incongru et illégal qui ne lui a jamais fait perdre son sourire.
Parlons un peu d’honneur politique, M. Affi Nguessan… Il vous en manque énormément!
Car d’honneur politique, parlons-en un peu, en regardant cette fois-ci dans la parcours sulfureux de l’éphémère premier ministre du gouvernement calamiteux de Laurent Gbagbo, issu des élections antidémocratiques d’octobre 2000. Où est l’honneur, Monsieur Affi Nguessan, quand on s’installe au pouvoir au prix de l’exclusion du RDR et du PDCI-RDA d’un scrutin qu’ils n’auraient surtout pas perdu face au FPI de Laurent Gbagbo? Où est l’honneur, Monsieur Affi Nguessan, quand on commence sa carrière d’Etat par un Charnier de Yopougon consacrant l’obsession génocidaire et ethnocidaire du régime de la Refondation dès octobre 2000? Où est donc l’honneur tant clamé, quand on a régné par les Escadrons de la Mort, traqué les Africains de l’Ouest pendant de longs mois en Côte d’Ivoire, avant d’essuyer la résistance salvatrice et digne du Mouvement Patriotique de Côte d’Ivoire de Guillaume Soro dès septembre 2002? Où est l’honneur de Pascal Affi Nguessan quand sous ses ordres, le général Guéi et sa famille furent atrocement trucidés, alors qu’ils n’étaient ni de près, ni de loin mêlés au conflit d’alors entre le MPCI et les troupes de Gbagbo? Où est donc l’honneur, diantre, quand en mars 2004, le régime FPI assassine par centaines des militants du PDCI-RDA et du RDR en Abidjan,avant d’essuyer son grand camouflet de novembre 2004, avec le fiasco de sa soi-disant Opération Dignité? Où diable est l’honneur d’un Pascal Affi Nguessan, qui jura que Ouattara passerait sur son corps pour entrer au palais présidentiel en 2010-2011, et qui devait venir reconnaître la victoire démocratique du même Ouattara en octobre 2015, dans le même palais présidentiel tant envié? Pourquoi la bouche de l’ex-premier ministre de Gbagbo, que ce dernier n’a pas lui-même jugé meilleur premier ministre que Guillaume Soro, ne porte-t-elle donc jamais de caleçon, comme on le dit si bien en Abidjan? Il ne s’est pourtant pas arrêté en si bon chemin dans son outrage contre le président Guillaume Soro!
Guillaume Soro, bon pour la démission? Et quand Pascal Affi Nguessan sera-t-il enfin bon pour la réflexion?
Décidément, la logique de l’inconsistance politique est une seconde vie chez Affi Nguessan. Alors que les affaires des écoutes téléphoniques et de la plainte de Michel Gbagbo se dégonflent chaque jour comme les ballons de baudruche qu’elles sont, Affi Nguessan, tard-venu à la foire aux empoignes, nous sert du « Guillaume Soro, démissionne! ». Quelle dérisoire fatuité!
Voyons-donc ce que pèse le bavardage d’Affi Nguessan en termes politiques objectifs. La balance est tellement asymétrique qu’il faut en avoir pitié du président du lambeau de FPI! Le président Guillaume Soro a reçu le soutien du Président de la République, le soutien du Gouvernement qui a vertement protesté contre la justice française, le soutien de l’Assemblée Nationale, le soutien du RHDP, le soutien du RDR, le soutien de nombreux partis politiques de l’opposition, le soutien de nombreuses organisations de la société civile, le soutien du Groupe parlementaire d’amitié France-Côte d’Ivoire, le soutien de nombreux députés africains, le soutien de sa noria d’amis dans le monde entier. En face, sur quoi compte Pascal Affi Nguessan? Sur quoi, diantre? Quelques manchettes de la presse bleue à Abidjan, et quelques applaudissements clairsemés parmi les rares vautours politiques qui se reconnaissent en sa faction frontiste esseulée.
Au fond, l’absence de réflexion est le plus grand tort de Pascal Affi Nguessan, qui a gravement manqué une occasion en or de se taire. Quand on a comme lui, pris une claque aux élections présidentielles; emporté un lambeau désuet du parti de Gbagbo désormais rabougri dans sa base ethnovillagiste du Moronou; été désavoué par l’essentiel des Mohicans du FPI qui vous traitent désormais comme un traître et un renégat, il ne vous sert à rien, Pascal Affi Nguessan, de venir chercher noise à un homme consistant, solide et courageux comme le président Guillaume Soro. Sa caravane est trop solide pour souffrir de vos jactances…
Et s’il y a un homme politique ivoirien que la démission de la politique pourrait parfaitement servir, c’est vous, Monsieur Affi Nguessan, car vous avez bien montré, en ces vingt dernières années, que vous suivre, c’est se résoudre à une carrière éternelle de loser!