Le plaidoyer du Président de l’Assemblée nationale
23 juillet 2016L’intégralité de la déclaration du président de l’Assemblée nationale, M. Guillaume Kigbafori Soro, avant le vote du projet de loi organique portant organisation du référendum pour l’adoption de la Constitution
« Il me plait de noter qu’aujourd’hui nous sommes en train de construire l’histoire de notre pays avec cette loi organique. personnellement je ressens beaucoup d’émotion au moment où nous allons passer au vote de cette loi. Vous excuserez la subjectivité de mes propos, parce qu’historiquement, j’ai été parmi les dix signataires de l’accord de Linas Marcoussis. Cet accord, comme vous le savez, a permis le début d’un dialogue entre les acteurs politiques ivoiriens. J’ai personnellement apposé ma signature au bas de l’accord de Linas Marcoussis, consentant du coup, et agréant la possibilité de faire un référendum. Ce qui était une des exigences de cet accord. Permettez que je signale aussi que l’accord politique de Ouagadougou dans le cadre du CPC (Cadre permanent de Concertation), où nous étions cinq membres : les présidents Blaise Compaoré, Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara et moi-même, alors premier ministre à l’époque, nous avons encore réitéré en apposant nos signatures au bas d’un document pour réclamer une révision de la Constitution.
Permettez qu’aujourd’hui en le disant, je demande à vous, mes chers collègues, de ne pas me rendre parjure parce que ses raison sont principielles. Premièrement, je ne voudrais pas renier ma signature. La deuxième chose c’est que nous construisons l’histoire et l’Assemblée nationale doit contribuer à promouvoir la démocratie. Or, il est du droit inaliénable, je dirais du droit constitutionnel, du Président de la république, au-delà même du fait que des accords que nous avons signés nous demandaient d’aller à un référendum et à la révision de la constitution, il est du droit constitutionnel du Président de la République de vouloir consulter le peuple. L’Assemblée nationale, Institution par excellence qui doit promouvoir la démocratie, ne peut que se réjouir du fait que le peuple, dont nous sommes les représentants, et dont nous devons défendre les intérêts, soit lui-même appelé directement à se prononcer sur la vie de la nation, surtout quand il s’agit de la Constitution. Je précise que le texte que allons voter tout à l’heure n’est pas le projet de constitution. Ce texte donne simplement le cadre dans lequel le projet de constitution qui nous sera soumis, c’est écrit la dedans, fera l’objet de discussion. On ne vote pas une constitution la nuit, nous aurons le texte, nous pourrons l’apprécier sereinement et valablement.
Pour l’heure, on nous demande d’autoriser que ce processus démocratique se fasse. Je ne crois pas que l’Assemblée nationale s’oppose à un exercice démocratique, là où on demande au peuple de se prononcer directement. Enfin, chers collègues, je pense que nous sommes en train de bâtir, après de longues années de difficultés, un Etat. Et le vœu cher aux uns et aux autres c’est de construire une Nation. Le rôle de l’Assemblée nationale, c’est justement dans le cadre de la complémentarité des Institutions de permettre justement que nous puissions construire cette nation. Vous excuserez ce propos liminaire avant le vote, mais j’ai considéré qu’il était important que personnellement, pour avoir participé à de telles négociations qui nous permettent aujourd’hui de voir cette Côte d’Ivoire aller de l’avant, d’apprécier ces taux de croissances çà et là, d’apprécier l’action démocratique qui se poursuit dans notre pays, qu’il était de mon devoir, au-delà de ma tâche de président de l’Assemblée nationale, d’inviter les députés dans la sérénité, et surtout d’inviter les députés comme moi, à permettre et à soutenir ce projet pour que le peuple de côte d’ivoire puisse être honoré, puisse donc être dans son droit de dire, et de donner son point de vue sur la marche de la Nation ».