Le virus zika se propage de « manière explosive » selon l’OMS
28 janvier 2016L’OMS a annoncé jeudi une réunion d’urgence le 1er février sur l’épidémie de zika, soupçonnée de provoquer de graves malformations congénitales, alors que le virus se propage « de manière explosive » sur le continent américain, avec 3 à 4 millions de cas attendus cette année.
Inquiète de « la possibilité d’une propagation au niveau international » et face à une « association probable de l’infection avec des malformations congénitales et des syndromes neurologiques », l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a convoqué un comité d’urgence pour le 1er février afin de décider si l’épidémie constitue « une urgence de santé publique de portée internationale ».
« Le virus a été détecté l’an dernier dans la région des Amériques, où il se propage de manière explosive. Le niveau d’alerte est extrêmement élevé », a déclaré à Genève la directrice de l’OMS, Margaret Chan.
Déjà, la France et le Canada ont fait état de voyageurs ayant contracté le virus pendant des séjours dans des zones touchées par cet agent infectieux à l’étranger, avec cinq cas et trois respectivement. Aucun des patients n’a présenté de forme grave de l’infection, ont précisé les autorités des deux pays.
L’agence spécialisée des Nations unies est particulièrement préoccupée en raison du « manque d’immunité » des populations « dans les régions nouvellement infectées » et « de l’absence de vaccins, de traitements spécifiques et de tests de diagnostic rapides ».
Pour ce qui est d’un vaccin, il n’y en aura probablement pas de sûr et efficace contre le virus avant plusieurs années, a estimé le directeur de l’Institut américain des allergies et maladies infectieuses, le Dr Anthony Fauci, même si les recherches semblent prometteuses.
La directrice de l’OMS a par ailleurs souligné que « la situation découlant d’El Nino (phénomène climatique particulièrement puissant depuis 2015 et qui favorise le réchauffement climatique) devrait cette année accroître le nombre des moustiques ».
Comme la dengue et le chikungunya, le zika, qui tire son nom d’une forêt en Ouganda où il a été repéré pour la première fois en 1947, se transmet par une piqûre de moustique du genre Aedes aegypti ou Aedes albopictus (moustique tigre).
1,5 million de cas au Brésil
« Des épidémies majeures peuvent se produire dans des villes à l’échelle mondiale », a alerté l’OMS sur son compte Twitter.
Par ailleurs, deux cas d’infection par le zika laissent penser qu’une transmission par contacts sexuels serait possible, a indiqué une haute responsable sanitaire américaine.
De tels cas « rendent biologiquement plausible une transmission par contacts sexuels mais la science est très claire à ce stade, à savoir que le virus zika se transmet essentiellement par la piqûre d’un moustique infecté », a souligné la Dr Anne Schuchat, directrice adjointe des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC).
En Amérique latine, le pays le plus touché par le zika est le Brésil, avec environ 1,5 million de cas, selon l’OMS. Jeudi, le Honduras a annoncé avoir enregistré plus de 1.000 cas de zika depuis décembre.
« On peut s’attendre à trois à quatre millions de cas » sur le continent américain, a déclaré à Genève un responsable de l’OMS pour cette région, Marcos Espinal. Ces chiffres devraient être atteints sur une période d’un an, mais l’OMS estime que l’épidémie reste largement sous-évaluée car la majorité des cas sont bénins.
Même si le lien causal direct entre virus et complications, comme la microcéphalie et le syndrome de Guillain-Barré, n’a pour le moment pas été établi, il a été recommandé aux femmes de ne pas tomber enceintes dans plusieurs pays et territoires tels que la Colombie, le Salvador, l’Equateur, le Brésil, la Jamaïque et Porto Rico.
Aux Etats-Unis, les Instituts nationaux américains de la santé (NIH), ont indiqué sur la foi d’une étude que le virus pourrait se propager le long des côtes est et ouest des Etats-Unis pendant les mois chauds, et atteindre même le Midwest.
Et deux compagnies aériennes d’Amérique latine, dont la plus importante, Latam, et Sky, ont proposé de rembourser les femmes enceintes ayant acheté des billets vers des zones touchées par le virus. Des décisions similaires avaient été annoncées mercredi par les compagnies américaines Delta et American Airlines.
A l’OMS, la prudence reste de mise. « Nous ne savons pas si ce virus peut franchir la barrière du placenta », a relevé M. Espinal. Et le Dr Bruce Aylward, numéro deux à l’OMS, a expliqué aux médias que l’organisation ne pouvait pas recommander aux femmes de ne pas tomber enceinte car il s’agissait d’un choix personnel.
Si les syndromes sont le plus souvent de type grippal (fièvre, maux de tête, courbatures), chez les femmes enceintes le zika peut être transmis au foetus et entraîner des malformations congénitales, telles que la microcéphalie, une diminution du périmètre crânien qui altère le développement intellectuel, voire cause la mort.
Source: AFP